
Intermède – L’affaire dans l’affaire
Le projet alternatif dit de « Variante villeurbannais » proposĂ© par Marc Fraysse en fĂ©vrier 1991 ouvre un Ă©pisode particulier, forme « d’affaire dans l’affaire », dans le contexte de l’enquĂŞte publique sur le pĂ©riphĂ©rique nord, destinĂ©e Ă recueillir les critiques et propositions alternatives des habitants des communes concernĂ©es par l’amĂ©nagement routier futur. Celui-ci se dĂ©roule entre novembre 1990 et fĂ©vrier 1991 et fait intervenir Georges Poix, conseiller en urbanisme de Marc Fraysse (il est alors chargĂ© Ă cette date de la commission « urbanisme et habitat » au sein du RPR villeurbannais), premier artisan de ce projet alternatif pour le tracĂ© du pĂ©riphĂ©rique nord.
Le 22 novembre 1990, Georges Poix adhère Ă l’association « Pour une Ă©cologie sociale » qui est un soutien associatif au mouvement politique « Ecologie et autogestion », engagĂ©e sur le terrain Ă©lectoral municipal. Elle est alors membre du collectif La Feyssine et clairement identifiĂ©e comme opposante au pĂ©riphĂ©rique nord. Le 10 janvier 1991, il propose d’offrir ses services pour « étudier l’impact du boulevard urbain nord sur la Feyssine » et demander Ă participer Ă la rĂ©union du collectif La Feyssine prĂ©vue pour le 14 janvier 1991 : Ă ces occasions, il rĂ©cupère, pour rĂ©aliser son Ă©tude, une sĂ©rie de document, dont plusieurs cartes, que lui fournissent les habitants de la Feyssine et les membres du collectif La Feyssine. Le 22 janvier, il prĂ©sente, aux cĂ´tĂ©s de Marc Fraysse et au nom du RPR villeurbannais, le projet de « Variante villeurbannaise » pour le tracĂ© du pĂ©riphĂ©rique nord. Le soir du mĂŞme jour, il propose, en qualitĂ© de membre de l’association « Pour une Ă©cologie sociale », le mĂŞme projet lors d’une rĂ©union publique du collectif La Feyssine sans mentionner l’affiliation politique originelle de ce contre-projet.
Plus concrètement, le projet de Marc Fraysse consiste Ă tenter de prĂ©server les intĂ©rĂŞts de chaque partie en affirmant, d’une part, la nĂ©cessitĂ© de la construction du tronçon nord du pĂ©riphĂ©rique, mais en proposant, d’autre part, une solution technique permettant de protĂ©ger le quartier de la Feyssine. Une caricature rĂ©alisĂ©e par VVV tente d’illustrer le projet de Marc Fraysse qui certes, vise Ă conserver le quartier de la Feyssine, mais l’enjambe en portion sur pilotis, plaçant le pĂ©riphĂ©rique au-dessus mĂŞme de leur maison.
Fig. 10 – « Contre la Feyssine-Noir », dessin réalisé par VVV (AM Villeurbanne, 28Z2)
En rĂ©ponse, les membres de l’association VVV produisent une sĂ©rie de caricatures en rangeant dans le mĂŞme camp toutes les figures politiques locales, accusĂ©es de dĂ©fendre en sous-main le parti de Michel Noir sur le projet du pĂ©riphĂ©rique nord. De gauche Ă droite, les personnes reprĂ©sentĂ©es sont :
- Gilbert Chabroux : maire de Villeurbanne depuis janvier 1990
- Jean-Paul Bret : député de Villeurbanne
- Nathalie Gautier : conseillère municipale, adjointe Ă l’urbanisme
- Marc Fraysse : leader du RPR villeurbannais, candidat aux élections municipales de 1995
- Jean-Jack Queyranne : dĂ©putĂ© RPR du RhĂ´ne jusqu’en 1993
Fig. 11 – « Les gaulois de la Feyssine », caricatures produites par VVV (AM Villeurbanne, 28Z3)
La caricature est aussi l’occasion de rappeler le spectre du projet « Villa Urbana » qui, malgrĂ© la mort de son promoteur initial, Charles Hernu, ne paraĂ®t pas abandonnĂ© pour autant un an plus tard. Michel Noir et la COURLY reprĂ©sentent les deux grands artisans de ces projets, ignorant la spĂ©cificitĂ© locale d’un territoire traitĂ© comme un support potentiel Ă des amĂ©nagements dĂ©finis sans concertation locale.